La virtuosité technique mise en œuvre dans la réalisation de chaque pièce, quelque soit le matériau (broderie, faïence, béton ou résine moulée) donne aux objets de Dominique Ghesquière un raffinement et un réalisme tout aussi troublant que séduisant. Son travail naît du ressenti des expériences qu’elle fait le plus souvent dans la nature. Aimant « penser la sculpture comme un lieu de repos », elle a lentement créé durant l’été son Océan dans une concentration qui rejoint l’état méditatif dans lequel on peut glisser face à la mer qui a tant manqué ce printemps. La sculpture est réalisée à la mesure d’une table mais avec l’idée que « l’imaginaire déborde du format de la table de travail et emprunte un ‘ailleurs’ à la manière des jardins japonais, les shakkei (jardins empruntés) ». L’immensité et le sentiment de liberté que l’on y associe au titre Océan « se joue des dimensions d’une simple table » dit l’artiste. Comme l’eau que les japonais figurent avec des pierres dans les karesansui (jardins secs), l’artiste suggère la mer en choisissant la partie émergente des vagues. Par l’extrémité acérée de l’écume des lames, elle saisit le rythme immuable des rouleaux, apparitions et évanouissements permanents, et attribue à ce paysage minimal et miniature une valeur de vanité accentuée par l’épure, la délicatesse et l’extrême fragilité de la porcelaine.
Julia Leclerc