< Pierres des fées, Le Point Commun, Cran Gevrier, 2018

L’avant monde, Fondation d’entreprise Hermès, 2019

Musée du cristal Saint-Louis, 28 mars - 26 août

Coquillages
  • Coquillages
  • Coquillages
  • Conférence des oiseaux, Coquillages
  • Iris
  • Iris, Herbes rares
  • Fougères
  • Feuilles
  • Rideau d'arbres, Herbes rares, Iris
  • Sable ondulé
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Coquillages

Porcelaine

Olivier-Henri Dancy

Les œuvres de Dominique Ghesquière naissent de rencontres avec des éléments croisés aussi bien dans la nature, que dans la rue ou dans nos intérieurs. Prenant souvent la forme de sculpture ou d’environnements, elles déplacent la réalité du quotidien dans l’espace d’exposition, créant des interactions et perceptions inattendues, des mises en scènes incongrues, invitant le visiteur à revoir ses jugements sur ce qu’il considère comme connu et acquis, comme à questionner l’essence des choses. Car s’il ne s’agit pas exactement de trompe-l’œil, l’artiste occupe une position ambiguë entre le vrai et le faux, et si Guy Debord nous a appris que « Dans le monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux », Dominique Ghesquière préfère envisager une réalité poétique au delà de cette dualité restrictive.
Pour son exposition à la Grande Place, musée du cristal Saint-Louis, l’artiste propose une plongée dans l’origine des matériaux constitutifs du cristal, bien que transformés au cours du processus de production. Dans la continuité du parcours scénographique de présentation des objets en cristal, Dominique Ghesquière révèle la présence des fougères (dont les cendres entrent dans la composition de la potasse), des forêts, de l’eau, du feu… comme si ces derniers jaillissaient subitement de la mémoire du cristal pour rappeler leur nécessaire existence. Ici, les matériaux ne partagent pas l’espace d’exposition avec le visiteur, mais à l’instar du cristal dont ils symbolisent l’origine, ils s’offrent au regard derrière des vitrines dans l’esprit du vivarium : au delà d’une relation purement haptique, cette mise en espace inédite chez l’artiste invite le regard à glisser d’une sculpture à l’autre pour mieux sentir la force de la nature derrière toutes les opérations de production en cours dans la fabrique accolée au musée. Rappelant la maxime attribuée à Lavoisier, « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », les interventions dans la droite lignée du land art de Dominique Ghesquière remémorent et révèlent toute la dimension matérielle et territoriale du cristal dans un geste à la fois archéologique, délicat et nimbé de poésie.

Benoît Lamy de la Chapelle
2019