Dans Forêt, Dominique Ghesquière invente un paysage subtil où la représentation du bâti se glisse dans un motif végétal vertical fait d’un méticuleux tissage de branches. Au pied de ces « tours », évocation voilée de l’architecture moderniste de nos villes, se fraye le chemin d’une rivière tourbillonnante et tempétueuse.
Par ce titre d’une simplicité absolue, la sculpteure convoque un imaginaire qui a l’épaisseur des contes et des récits initiatiques. Il fait appel à la mémoire sensorielle du regardeur et, au contact de la tragédie écologique actuelle, cristallise aussi une certaine forme d’anxiété.
Entre objets manufacturés et matériaux naturels patiemment ajustés de sa main, entre une forme figée, atemporelle et une fragilité proche de la rupture, Dominique Ghesquière jette le trouble entre réalité et fiction. Exploitant ces dissonances, l’artiste met en scène une architecture de branches à la fois dense et friable, des lames de terre sèche pour figurer le fleuve, l’appel d’un paysage fertile dans le contexte rugueux de l’espace d’exposition. Au cœur de cette ponctuation poétique, ces paradoxes produisent tension et ironie.
Tout en captant l’essence du paysage à la manière des jardins secs japonais, l’œuvre de Dominique Ghesquière se lit aussi comme une vanité contemporaine qui raconterait l’altération de notre relation au vivant.