< Terre de profondeur, Ile de Vassivière, 20 janv - 31 mars 2013 Tenir compte de la lune, mars-mai 2016 >

Grande tapisserie, 2014

Galerie Chez Valentin, 5 septembre - 11 octobre

Feuillus, Lierre, Pierres roulées
  • Feuillus, Lierre, Pierres roulées
  • Pierres roulées, Feuillus, Grillage
  • Lierre, Grillage
  • Mue, Nuage
  • Nuage, Oiseau
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Feuillus, Lierre, Pierres roulées

Photographie Sylvie Chan-Liat

A l’occasion de sa sa seconde exposition personnelle à la galerie Valentin, "Grande tapisserie", du 6 septembre au 11 octobre 2014, l’artiste présentera une nouvelle série d’oeuvres liées à l’idée de nature et de paysage au sens large, non pas une sorte de décor arrière-plan dont l’individu serait détaché mais plutôt le paysage qui introduit l’homme à l’ensemble dans lequel il existe. Nous appartenons au paysage, comme il nous appartient.

Les matériaux utilisés : arbres, écailles de pommes de pin, galets, et la représentation d’éléments comme le lierre et les nuages en sont des éléments concrets qui nous y conduisent.
Dominique Ghesquière propose ici une double expérience. La première est la perception directe des matériaux avec lesquels elle travaille, la seconde plus abstraite emmène le spectateur dans un repli très profond de la mémoire.
"Feuillus" (bouleau, 250 x 170 cm), est un ensemble d’arbres. Dominique Ghesquière a travaillé sur des arbres morts. Elle a redessiné le contour extérieur des feuilles avec du branchage à l’emplacement même des feuilles tombées. Celles-ci sont toutes différentes. 
Laissant supposer au premier regard, que la présence de ces arbres ne serait qu’un simple déplacement dans la galerie, le spectateur prend conscience que leur feuillage n’appartient en rien au milieu naturel.
Ils s’inscrivent dans deux temporalités : celle de l’arbre mort réduit à la matière bois et celle plus abstraite et libre avec ce feuillage imaginé par l’artiste. Ces arbres entre deux saisons pleines de promesses se jouent de la frontière naturelle des choses, du déroulement du temps et nous emmènent dans une démarche conceptuelle. 
Cette oeuvre est le paysage central de l’exposition annonçant les jeux de transformation auxquels l’artiste s’applique.

Dans "Mue", elle crée au moyen d’écailles de pomme de pin juxtaposées une sorte de carapace imaginaire inspirée de celle du pangolin, fourmilier d’Afrique. Cette surface d’écailles collées les unes aux autres, se recouvrant partiellement donne à voir une texture sensuelle que l’on a immédiatement envie de toucher. La forme de l’objet, une sorte de peau de bête, nous rappelle la mue, phénomène naturel et nécessaire à la métamorphose. Mais c’est également la trace d’un changement opéré par l’artiste. L’oeuvre, telle une peau de bête, est accrochée au mur comme une tapisserie. A moins qu’elle ne provienne directement d’un cabinet de curiosité ou d’un muséum d’histoire naturelle. 
Une seconde oeuvre pourrait tout autant appartenir à ce musée d’histoire naturelle. "Oiseau" est un étourneau naturalisé, figé en plein vol. Sa présentation verticale, dos au mur le met en situtation d’élévation.

Dans "Lierre", une peinture murale en trompe l’oeil, l’artiste reproduit les traces laissées par le lierre après qu’il ait été arraché du mur. Il s’agit d’une empreinte, de la trace d’une chose révolue que la peinture vient révéler de manière paradoxale. En effet, c’est par sa matérialité que la peinture fixe et révèle ici la perte de matière. Cet allègement permet une relation plus forte et directe, que n’aurait pas permis la photographie.

Un certain état de nature est le point de départ des oeuvres de Dominique Ghesquière. L’artiste s’approprie cet état d’apparence simple comme dans l’oeuvre "Pierres roulées". Des galets gris de bord de mer nervurés de blanc sont posés en tas sur le sol. Le rapprochement des nervures blanches dessine un ensemble de lignes entrelacées. Cette mise en rapport de choses sans lien apparent nous remémore la source des galets, les strates de la roche mère, et nous invite à un retour au passé lointain, nous plonge dans la longue durée historique. Ressurgit l’idée d’un réseau infini préalable, bousculé et transformé peu à peu en formes roulées par l’eau, fluidité qui a mis en désordre l’alignement d’origine.

C’est à cette idée de trame, de tissage, de liens que l’artiste nous ramène également dans "Grillage". Des tiges d’osier naturel ont été entrelacées jusqu’à faire apparaître la forme familière du grillage à croisillons. Ce grillage ainsi naturalisé d’une dizaine de mètres de long, a été réalisé par l’artiste en 2013 à 3bis F à Aix-en-Provence, lieu de résidence d’artistes au sein d’un hôpital psychiatrique.

"Nuage", dernière oeuvre de cette exposition fait aussi référence à la nature par son titre tout en posant des questions de société. Il est constitué de débris de billets de banque massicottés et broyés finement puis rassemblés de manière à composer une forme flottante à la densité légère. Météorologiquement il évoque l’évaporation, la circulation et la retombée en pluie, financièrement une potentielle redistribution en suspens.