< Une sédimentation d’images sans image, Marseille, 2014 Un été dans la Sierra, Rentilly, 2015 >

Rideaux/Blinds, IAC, Lyon, 2015

06 fév - 03 mai

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Tergal, sirop de sucre

photographie Blaise Adilon

Commissariat Marie de Brugerolle
RIDEAUX/blinds questionne l’héritage de la modernité, de l’abstraction et du monochrome, l’appropriation de ce qui reste, la pellicule des images dans une conscience des moyens de reproductibilité technique, la peinture avec la photographie, le cinéma et les écrans. Il s’agit de faire l’expérience de ce qu nous traversons et qui nous capte, des commodités de nos conversaions, des surfaces sensibles et faux trous, de la réciprocité de la lumière...
"RIDEAUX/blinds organise l’espace en construistant un parcours dont les oeuvres sont les maillons structurels. Elles bordent et font l’espace, elles dialoguent avec les murs et les trous dans ceux-ci. Il s’agira peut-être de retourner l’espace comme un gant et de rentrer par l’envers du tableau, par le dos de la palissade, l’envers de la toile.
Peut-être comme Orphée se retournant deux fois, avec une seconde chance, celle du "déjà vu", le visiteur doublera sa garde et deviendra regardeur averti. Amusé il pourra re-doubler son parcours et prendre des tangentes nouvelles.
Si les murs écrans, panneaux déroulants, portes coulissantes et autres surfaces réfléchissantes peuplent notre modernité, qu’en est-il de leur mesure à l’aune du corps regardant, en mouvement, aujourd’hui ?
Et surtout qu’est-ce que cela nous dit d’un regard qui glisse et qui s’accroche, de nos reflets captés malgré nous, du temps pris dans les mailles pixélisées du "screen time" ?
Qu’est-ce qui constitue le début de ce qu’on nomme un décor ? Comment passe-t-on de l’intime, domestique, neutre, à l’extraordinaire ? Qu’est ce qui fait "écran", qui nous "blinde" ?
Le titre joue des mots et en fait des armes pour situer l’expérience qui est celle du seuil, liminal et lamellé, d’un pas suspendu et tendu, ni avant ni après, mais exactement dans l’ici et maintenant d’un passage qui peut se doubler, se dédoubler en mue, pas dans le dire mais uniquement se faire.
Le projet se déploie en trois temps et une répétition, l’exposition invite le visiteur à passer des seuils et à s’engager dans l’expérience du désir de voir.
Il n’y a rien à voir et je vous le montrerai. Dialoguant avec les surfaces et les murs, plafonds, sols, les oeuvres sont des indices d’une découverte : une épiphanie du réel. C’est-à-dire qu’il n’y a pas de vérité révélée par l’acte artistique mais que celui-ci, si on le désire, conduit à voir le réel autrement. L’épiphanie c’est l’acte de regarder, l’objet d’art en est l’agent provocateur, le regardeur devient à son tour écran de projection. le rideau, c’est nous".
Marie de Brugerolle, octobre 2014