< Atelier Lindre-Basse, Marie Cozette, 2010 Frédéric Oyharçabal, 2011 >

David Pigeret, 2010

« Peut-être ne nous est-il pas permis de comprendre entièrement cette opération qui rend présentes l’une à l’autre l’ombre de la mort et la lumière de l’esprit, le réel et l’irréel. » [1]

Dominique Ghesquière fait subir aux objets ce que le poète fait au langage de la foule. Contrairement à la parole poétique elle garde trace d’une tension entre l’objet et son double artistique. Tout simplement parce qu’elle travaille directement avec la matière du monde et non avec des signes. Elle crée des objets incertains, troubles, agités de significations en lutte. Ils affirment paradoxalement leur être dans une forme de résistance passive à ce qu’ils paraissent être, à ce qu’ils sont, à ce qu’ils pourraient être, à ce qu’on imagine qu’ils sont ou ne sont pas. Ils se meuvent dans une liberté qui peut paraître effrayante, celle d’être et de n’être pas, d’être ceci et cela à la fois. Indécidables, flottants, ils obéissent à la logique des rêves. En introduisant un écart entre perception et réalité physique, Dominique Ghesquière transporte ses objets dans un espace-temps imaginaire qui s’apparente à celui de nos songes. Elle fait, en quelque sorte, si l’expression n’était pas étrange, affleurer l’inconscient des objets.

David Pigeret, 2010


[1Gabriel Bounoure, Marelles sur le parvis (Plon,1958), Fata Morgana, 1995, p.64.